Comme les Français / CRPA-Related Activities in France
Au banquet de la Société française de radioprotection (SFRP) : premier rang, de gauche à droite : Bernard Le Guen (ancien président de la SFRP et vice-président de l’Association internationale pour la protection contre les radiations), Hélène Langevin-Joliot (physicienne nucléaire), Natalie Pigeard-Micault (historienne au Musée Curie). Rang du fond : Thierry Sarrazin (président de la SFRP), Thierry Schneider (directeur du Centre d’étude sur l’Evaluation de la Protection dans le domaine Nucléaire), Jean-François Lecomte (Relations internationales, SFRP), Manon Rouleau (ACRP), Stéphane Jean-François (ACRP), Jean-Luc Godet (Directeur rayonnements ionisants et santé, Autorité de sûreté nucléaire). / At the Société Française de Radioprotection (SFRP) conference banquet: (front row, left to right) Bernard Le Guen (SFRP past president and International Radiation Protection Association vice-president), Hélène Langevin-Joliot (nuclear physicist), Natalie Pigeard-Micault (historian at Musée Curie); (back row, left to right) Thierry Sarrazin (SFRP president), Thierry Schneider (Centre d’Étude sur l’Évaluation de la Protection dans le Domaine Nucléaire director), Jean-François Lecomte (International Relations, SFRP), Manon Rouleau (CRPA), Stéphane Jean-François (CRPA), Jean-Luc Godet (Autorité de Sûreté Nucléaire director of ionizing radiation and health).
Abstract
“Freedom, Equality, Fraternity” is the motto of France and the Republic of Haiti. In this article, Stéphane Jean-François uses those themes to frame his report on CRPA-related activities in France that he has been participating in.
He explains that knowledge, education, and the exchange of ideas are powerful paths to freedom, so participating in international conferences, workshops, and workgroups is a privilege. A group of CRPA members have initiated contact with organizations in France to exchange speakers and participants in their respective radiation protection conferences. Following his participation in the Société Française de Radioprotection (SFRP) and International Commission on Radiological Protection (ICRP) conferences, Stéphane shares differences and similarities between SFRP and CRPA.
One of the key takeaways from the SFRP conference was that both SFRP and CRPA must use modern communication tools (such as webinars) to share information and common challenges. As Hélène Langevin-Joliot, granddaughter of Marie and Pierre Curie, said in her address at the 2019 SFRP conference, “All good things are done in teams.”
Liberté, Égalité, Fraternité, telle est la devise de la République Française et de Haïti. Je rapporte ici certaines activités qui se trament en périphérie de l’ACRP et qui touchent le pays de Molière.
Liberté
Si vous aviez la possibilité de participer à des congrès ou à des groupes de travail en radioprotection, le feriez-vous ? C’est un privilège de pouvoir le faire. Et parfois, il faut créer ces opportunités. Manon Rouleau et moi avions établi le contact initial en 2017, au congrès de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) de Paris. Nous avions alors invité le président de la Société française de radioprotection (SFRP), Bernard Le Guen, et le responsable des relations internationales, Jean-François Lecompte, au congrès de l’ACRP de Québec au printemps 2018. Nos dignitaires français y avaient alors rencontré le CA de l’ACRP. À l’automne de la même année, nous retournions dans la capitale française comme membres du second groupe de travail de la SFRP et de l’IRPA pour discuter de l’aspect « raisonnable » d’ALARA.
Cette année, nous avons bouclé la boucle en participant au congrès national de la SFRP. Cette manifestation bisannuelle regroupe environ 250 participants et une bonne trentaine d’exposants.
La connaissance, l’éducation et l’échange des idées sont des vecteurs puissants de liberté.
Les participants de la principale séance plénière de la Société française de radioprotection (SFRP). / Audience at the main plenary of the Société Française de Radioprotection (SFRP) conference.
Égalité
Juin 2019, congrès de la SFRP, à La Rochelle[1]. L’ACRP est présentée aux français présents en tant que conférence invitée. À titre d’ancien président, j’ai exposé les défis et les possibilités d’échanges de connaissances. L’égalité et la solidarité se jouent au niveau de la normalisation et de la démocratisation des pratiques en radioprotection. Le Canada présente un autre visage de l’Amérique avec une culture fortement métissée par l’Europe. Une des conclusions retenues par l’auditoire : la SFRP et l’ACRP doivent utiliser des moyens de communications modernes pour partager des enjeux communs. À ce sujet, certains participants avaient apprécié les webinaires sur le cristallin présentés par l’ACRP et la CCSN.
Mais nous ne sommes pas tous égaux en radioprotection. La vedette de cette rencontre scientifique est sans aucun doute cette physicienne nucléaire âgée de plus de 90 ans, issue d’une famille de cinq prix Nobel. Ainsi, Mme Hélène Langevin-Joliot, petite-fille de Marie et de Pierre Curie, a livré à un auditoire recueilli et solennel, un message bien senti : en tant que femme et scientifique émérite, Marie Sklodowska Curie a bel et bien défoncé des portes, mais elle l’a fait grâce à la solidarité et à l’entraide de son mari Pierre, et de son équipe de travail très diversifiée. Sur la solidarité, Mme Langevin-Joliot conclut : « Toute bonne chose se fait en équipe ».
L’égalité tient toujours la main de la solidarité et de l’entraide.
L’équipe prépare une grande entrevue : Valérie Chambrette (directrice, Société française de radioprotection {SFRP}), Hélène Langevin-Joliot (physicienne nucléaire), Bernard Le Guen (ancien président de la SFRP et vice-président de l’Association internationale pour la protection contre les radiations). / Preparing a great interview: Valérie Chambrette (Société Française de Radioprotection [SFRP] director), Hélène Langevin-Joliot (nuclear physicist), Bernard Le Guen (SFRP past president and International Radiation Protection Association vice-president).
Fraternité
La communauté de la radioprotection française se réunit dans un cadre formel avec des conférences de très grande qualité. Les secteurs sont connus ici : industrie nucléaire, environnement, médecine et recherche. À La Rochelle, on présentait 47 conférences en plénière sur 3 jours; aucun dilemme déchirant possible : tout le monde se réunit dans une seule et même salle. En outre, neuf « tutoriales » d’une heure avant le début des présentations principales permettaient aux membres de parfaire leur formation. Cette manifestation scientifique alterne avec un congrès annuel de personnes compétentes en radioprotection (PCR). Les PCR sont l’équivalent de nos RRP. Le processus de certification des PCR est formel et les organismes de formation pour les PCR sont reconnus par le gouvernement dans un processus de certification. Des organismes indépendants s’assurent que les formateurs de PCR répondent aux exigences officielles. Pour cette raison, les Français ne cherchent pas une certification en dehors du processus réglementaire, même s’ils ont accueilli avec curiosité notre propre processus de reconnaissance volontaire, (A)ACRP.
La SFRP reconnaît le travail exceptionnel de quelques personnes parmi ses 1 300 membres. Ainsi, pendant les sessions scientifiques, un thème musical accueillait le président tandis qu’il remettait la médaille Marie-Curie à un membre méritant. Efficace et très sympathique comme approche.
Même si une dizaine de papiers étudiants étaient disséminés parmi les présentations scientifiques, aucune mention ne les distinguait clairement dans le programme. Les étudiants se sentent donc accueillis dans la fratrie en présentant pendant le programme régulier. Qui plus est, la gagnante du prix Henri Jammet SFRP 2019, Annaïg Bertho, aura la chance de donner une présentation au congrès de l’IRPA à Séoul, en 2020.
Tout comme au Canada, les grands organismes publics, parapublics et privés participent au succès du congrès français. L’industrie nucléaire, l’Agence de sûreté nucléaire (ASN) qui réglemente tant les rayons X que le nucléaire, et l’Institut de recherche sur la sûreté nucléaire (IRSN), forment une force de frappe impressionnante quant à la dissémination des renseignements et quant aux ressources humaines et financières pour cette organisation savante. On remarque qu’il existe une différence marque de la république sur la confédération : plusieurs agences et organismes réglementaires sont unifiés. Imaginez seulement la CCSN régissant les radionucléides et les rayons X partout au Canada…
En échangeant avec des professionnels européens, dont le président sortant et le président élu, je vous résume certaines réalités qui trouvent écho de ce côté-ci de l’Atlantique :
- Croissance des membres, en nombre et en connaissance : Quelle est la meilleure valeur à offrir aux membres et comment les former ? La question se pose aussi en France. La revue Radioprotection, petite sœur du Health Physics Journal, est un avantage intéressant pour les membres de la SFRP.
- Relève professionnelle : Depuis 2017, les jeunes sociétaires de la SFRP tendent la main au membres étudiants de l’ACRP : à nous de la saisir. Une délégation internationale de jeunes sociétaires est pressentie pour IRPA 2020, et le Canada pourrait y participer. L’ACRP est membre de l’IRPA.
- Gouvernance : Les présidents de la SFRP sont « choisis » par un conseil d’administration élu, mais on vise aussi à offrir une alternance entre le milieu médical/académique et le milieu des centrales nucléaires.
- Alternance : Selon certains membres de la SFRP, la réunion des PCR qui fait alternance avec le congrès formel est très populaire car elle répond aux problèmes concrets des professionnels en radioprotection. Au Canada, nous avons choisi l’approche d’un seul congrès annuel. L’ACRP pourrait-elle s’allier avec la CCSN pour offrir des journées RRP partout au Canada ? Pourquoi pas!
« C’est parce que nous sommes différents que notre fraternité a du sens », Albert Jacquard
[1] Tous les frais des déplacements dans le Vieux Pays ont été payés par Radioprotection Inc.
Les trois tours de La Rochelle, en France — la tour de la Lanterne (au fond), la tour de la Chaîne (camouflée) et la tour Saint-Nicolas (en avant) — vue de la grande roue de la ville. / The three towers in La Rochelle, France—Tour de la Lanterne (back), Tour de la Chaine (almost hidden), and Tour Saint-Nicolas (in front)—as seen from the city’s Ferris wheel.
Entrée du port de La Rochelle, en France, entre la tour de la Chaîne (à gauche) et la tour Saint-Nicolas (à droite). / Port entrance at La Rochelle, France, between Tour de la Chaine (left) and Tour Saint-Nicolas (right).
Stéphane Jean-François
Stéphane Jean-François est spécialiste certifié en radioprotection à Radioprotection Inc. Ingénieur-physicien de formation, il a obtenu sa certification professionnelle en radioprotection auprès de l’American Board of Health Physics en 1998, certification renouvelée 5 fois depuis. Il compte 28 ans d’expérience dans le domaine pratique de la radioprotection, dont 25 ans comme RRP. Il est membre de l’ACRP depuis 1996.
Stéphane Jean-François is a certified health physicist at Radioprotection Inc. Having studied engineering physics, he received his professional certification from the American Board of Health Physics in 1998 and has renewed that certification five times since. He has worked in the field of radiation protection for the past 28 years, including 25 years as radiation safety officer. He has been a CRPA member since 1996.